RELIURE AU PLOMB : UNE TECHNIQUE ANCIENNE QUI NÉCESSITE DES INTERVENTIONS DE RESTAURATION DANS LE TEMPS POUR MAINTENIR SA SPLENDEUR

La reliure au plomb est une technique très ancienne, d’origine médiévale. Elle remonte aux premières églises de l’Europe centrale dans lesquelles il y avait des fentes pour faire entrer la lumière. Ces fentes ont été, dans le temps, fermé avec l’apposition de vitres colorées.
Au début, il s’agissait sans doute seulement de pièces de verre coloré pour que la lumière crée une certaine atmosphère à l’intérieur du lieu de culte. Ces pièces de verre étaient maintenues ensemble par des tiges en plomb qui – je suppose – étaient soudées ou coulées sur place, afin qu’ils puissent tenir les verres ensemble.
L’évolution de cette technique a été réalisée avec les grandes cathédrales gothiques dans 1300-1500 toujours en Europe centrale. Ici en Italie, le Duomo de Milan en est un magnifique exemple.
La technique de la reliure au plomb est étroitement liée à la technique de peinture du verre avec des grisailles, des terres qui créent des ombres afin que l’on puisse dessiner des sujets et faire des représentations iconoclastes.

rilegatura a piombo grisaglieLa grisaille, et donc la représentation figurative, devient protagoniste dans le vitrail. La technique de reliure est également essentielle pour donner de l’importance au verre peint. Comme pour la technique Tiffany, il y a des limites dimensionnelles, mais elles sont liées aux dimensions des verres peints, à la forme des verres peints et donc aux lignes de plomb qui peuvent, dans certains cas, couper les figures.
Il faut maintenir un équilibre entre la taille du sujet peint et l’expérience dans le travail du verre et du plomb. Il faut créer quelque chose qui donne le plus grand sens esthétique et, en même temps, la sécurité maximale pour le vitrage.
La technique de la reliure au plomb est réalisée, aujourd’hui comme autrefois, avec un profil en « H » qui limite et oblige à définir les lignes d’interruption du sujet peint, précisément en raison de sa fabrication en verre. Aux points de jonction du plomb, qui vont se croiser, on effectue ensuite des soudures en alliage d’étain et de zinc pour donner de la rigidité. Ces dernières sont obtenues en utilisant des ronds de fer qui, positionnés à l’extérieur par rapport au vitrage, donc non sur le côté visible mais sur le dos, tracent des lignes droites horizontales qui commencent et finissent sur le cadre contenant le vitrage, sont soudés au niveau du plomb avec du fil de cuivre qui est noué sur la barre elle-même en créant des liens. Sans eux, le plomb, qui est extrêmement malléable et déformable, s’écroulerait de haut en bas sous le poids du verre. En moins d’un an, le vitrage céderait.

restauro rilegatura a piombo prima

Restauration d’un vitrail avec reliure au plomb – AVANT

Cette technique nécessite donc des interventions de restauration dans le temps. Un projet de restauration que nous avons mené a été celui des vitraux en rouleaux des absides de l’église de San Nicolò à Trévise. Les vitraux sont formés par des disques de verre soufflés à la bouche et alignés dans un dessin linéaire. Dans ce type de vitraux géométriques, il est plus facile que, si les liens sont consommés, le vitrage ait un effet d’accordéon, précisément parce qu’il est constitué de lignes et non de dessins qui peuvent, en un certain sens, mieux soutenir la structure.
La restauration que nous avons entreprise était conservatrice et maintenant nécessaire, car depuis l’après-guerre, le temps avait endommagé les vitraux et compromettait leur stabilité.

restauro rilegatura a piombo

Restauration d’un vitrail avec reliure au plomb – APRÈS

Nous avons essayé de réutiliser, autant que possible, le matériel existant en réparant les vitres cassées, en sécurisant les vitraux par des ligatures et en renouvelant le plomb là où il s’était usé. Il peut parfois arriver que le plomb, sous l’effet des intempéries, s’efface comme une feuille de papier.
Dans cette restauration il n’y avait pas de grisaille, mais s’il y en avait eu il aurait été une intervention très délicate. Je me souviens d’un petit exemple à l’abbaye de Vedana, dans la province de Belluno. L’eau distillée s’est avérée être le solvant idéal pour nettoyer les vitraux. En plus de cela, il y aurait aussi l’EDTA, mais vous devez être très compétent dans la restauration avant d’aborder.

La restauration est un monde particulier, et parfois, je n’ai jamais dépassé le stade de l’information. Il te faut soit te plonger dans cette réalité, soit laisser quelqu’un s’en charger. En fonction de l’expérience que j’ai accumulé, je peux choisir si je dois gérer une restauration ou non.
Vittorio Benvenuto